Conférence de presse : point sur les dossiers prioritaires 2024

27/03/2024
À l'occasion d'une conférence de presse organisée le 7 mars 2024 en présence d'Emmanuel Duflos, président, et Dominique Baillargeat, Cécile Delolme et Laure Morel, vice-présidentes, la CDEFI a fait le bilan mi-parcours de cette année académique et présenté les points d'actualités fort de ce début 2024.

Plusieurs dossiers clés ont été au programme de cette conférence de presse.

Nouveau label enseignement supérieur

Le premier point abordé est celui du nouveau label pour l'enseignement privé lancé par le ministère. Dominique Baillargeat rappelle l'importance du secteur privé qui, ne dépendant pas des financements publics, est particulièrement agile et réactif pour répondre aux besoins de la nation et aux demandes des jeunes en complément de l'offre publique. Cependant, le fort développement de ce secteur ces dernières années, favorisé par celui de l'apprentissage, a mené à une multiplication de l'offre de formation qui apparaît aujourd'hui difficilement lisible et compréhensible, dans le privé comme dans le public
La CDEFI insiste ainsi sur la nécessité d'une régulation, qui doit se faire par la qualité de la formation, avec un enjeu de clarification des dénominations et de distinction claire entre diplômes, titres, visas, grades, certifications.

En termes de périmètre, la Conférence estime que toutes les formations privées ou publiques à vocation professionnelle et qui ne sont ni visées, ni gradées, doivent être concernées. D'autre part, l'ensemble les formations présentes sur Parcoursup doivent faire l’objet d’une évaluation préalable, dont les résultats doivent être rendus publics. Pour un établissement privé ou public déjà évalué par le Hcéres, la CTI ou la CEFDG, une procédure allégée doit pouvoir être mise en place.
Cette évaluation doit se baser sur la pérennité de la formation, assurée par une stabilité du modèle économique et de la gouvernance, sur une équipe administrative et enseignante de qualité, et sur la qualité de l’environnement physique et social de l’apprentissage, de la démarche pédagogique, de l'accompagnement à la réussite de l’étudiant, de l’insertion professionnelle.

Budget dédié à l'enseignement supérieur

Cécile Delolme revient sur les récentes annonces gouvernementales relatives au budget de l'ESR, qui prévoit notamment l'annulation de 900 millions d'euros de crédits pour l'ensemble de la mission interministérielle recherche et enseignement supérieur (MIRES). Ces coupes budgétaires sont très préoccupantes et la CDEFI estime que l’effort demandé au MESR n’est pas équitable, puisqu'il représente environ 9 % des économies demandées alors que sa part dans le budget de l’État est de 5,5 %.

À l'heure où les enjeux sont sans précédent sur l’enseignement supérieur et la recherche (industrie verte, France 2030, nécessité de former plus d’ingénieurs), le soutien stagne alors que les demandes et besoins augmentent, révélant un manque de cohérence dans les objectifs affichés et un choix politique dans lequel l'ESR n'est pas une priorité. Nous observons aussi une hétérogénéité entre les établissements, par exemple entre des écoles d’ingénieurs sous tutelle ministérielle différente, situation dangereuse alors que toutes ont les mêmes missions. 

Si les subventions pour charges de service public des établissements ne diminuent pas, les moyens actuels restent insuffisants car ils ne prennent pas en compte l’augmentation des effectifs dans le supérieur, l’inflation, la hausse du coût de l’énergie, l’entretien ou la rénovation des bâtiments qui vieillissant, les nouvelles obligations pourtant nécessaires (dispositifs de lutte contre les VSS, enjeux de transition écologique et sociétale, etc.).
Par conséquent, une hausse des moyens pour l’ensemble des établissements supérieurs est nécessaire, et ce par des financements pérennes et non-compétitifs, par une augmentation des dotations publiques par étudiant et par une compensation totale des mesures décidées par le Gouvernement.

Doctorat

Laure Morel revient sur notre communiqué appelant à une clarification des référentiels de compétences du doctorat, publié le 15 février dernier. La Conférence cherche ainsi à ouvrir le dialogue afin d'améliorer l'attractivité du doctorat à la fois pour les jeunes, en particulier les élèves-ingénieurs qui ne sont que 6 % à poursuivre en thèse, et pour les recruteurs privés comme publics, qui méconnaissent souvent la plus-value des compétences apportées par le doctorat.

Ces compétences acquises durant la formation doctorale, différentes et complémentaires à celles du titre d’ingénieur ou du diplôme de master en sciences exactes et applications, doivent être distinguées et évaluées, en prenant en compte notamment les diplômes précédemment obtenus mais aussi les champs disciplinaires investis. Une fiche RNCP « générique » pour le doctorat ne nous semble pas pouvoir répondre à cet objectif dans la mesure où il est pratiquement impossible d’acquérir la totalité des compétences listées.  C'est pourquoi dans ce même communiqué, la CDEFI propose un recensement recensement synthétique des acquis de l’ingénieur-docteurEn somme, l’ingénieur-docteur n’est en aucun cas un « super-ingénieur », les deux formations ayant leurs objectifs spécifiques qui ne se recouvrent pas.

Agences de programme

La CDEFI se réjouit d'être présente au sein du COPIL des sept agences de programmes
, dont la création a été actée dans une logique de simplification et d’évolution des ONR.
Cependant, nous insistons sur l'importance de ne pas paradoxalement compléxifier le système en dédoublant les ONR avec une partie agence de programme et une partie opérateur de recherche, ou encore en mettant en place des processus administratifs complexes et lourds.
D'autre part, les thématiques des agences restent pour le moment en silo et nous regrettons le manque d’une approche transversale, qui ferait davantage écho à la recherche en ingénierie système menée dans les écoles d'ingénieurs.

Pour la Conférence, ces nouvelles agences de programmes doivent avoir pour vocation de travailler sur la politique et la stratégie nationale de la France en matière de recherche scientifique, avec les aspects de réindustrialisation, au service également des activités de recherche. 

Europe et international

Les récentes discussions parlementaires autour de la loi Immigration ont soulevé déception et inquiétude
au sein de la CDEFI, et plus largement de l'ensemble de l'enseignement supérieur. Si la Conférence se dit soulagée face à la censure par le Conseil constitutionnel des mesures relatives aux étudiants internationaux, Emmanuel Duflos précise qu'elle reste vigilante sur le risque que ces mesures ne reviennent.
L'enjeu dee l'attractivité de l'ESR français reste plus que jamais au premier plan, et la CDEFI projette le lancement d'un groupe de travail visant à réfléchir à des mesures concrètes pour rendre nos écoles plus attractives pour les étudiants et les chercheurs internationaux.

À l'échelle européenne, il est rappelé l'investissement non-négligeable des écoles d'ingénieurs françaises dans le dispositif des Universités européennes, dont certaines ont placé l’objectif du développement d’un profil d’ingénieur européen au centre de leur collaboration. Ces alliances offrent par ailleurs des opportunités importantes pour renforcer la position des établissements français sur la scène internationale, promouvoir l'excellence académique et scientifique, et favoriser l'innovation pédagogique et la recherche collaborative.
Si nous observons donc une dynamique générale positive, plusieurs défis persistent néanmoins : des moyens insuffisants, l’absence d’un fléchage de financement dédié à la recherche, un manque de coordination des initiatives, des questionnements quant à la garantie de l'équité dans la répartition des ressources, des difficultés dans la continuité entre le bachelor et le master, la problématique de la mise en place des mobilités hybrides, etc.

Égalité entre les genres, lutte contre les stéréotypes et orientation

Le 20 février dernier, Global Contact publiait en partenariat avec la CDEFI les résultats de sa dernière enquête Gender Scan menée auprès des élèves en école d’ingénieurs. Ceux-ci révèlent notamment que plus de 1 femme sur 3 aujourd’hui étudiantes en STIM ou en numérique a été découragée de faire ce choix d'orientation. En outre, près de 33 % des étudiantes évoquent le fait qu’on souligne le fait qu’en tant que femmes c’est un milieu qui « leur sera hostile », ou bien qu’il ne s’agit pas de « métiers de femmes ». Malgré tout, une proportion très élevée d’hommes et de femmes se déclare satisfaite de leur choix d’étude : 95 % d’hommes et 93 % de femmes dans les STIM, 91 % de femmes dans le numérique. 

Ces résultats, assez alarmants, montrent la persistance des stéréotypes de genre liés à l'orientation, en particulier chez les prescripteurs des jeunes (parents, professeurs). Il nous permettent néanmoins d’identifier des leviers d’action : renforcer la culture scientifique, élever le niveau en mathématiques, penser les actions sur le long terme, impliquer les prescripteurs dans les politiques d'égalité, etc. Pour rappel, la CDEFI s'implique elle-même chaque année à travers son opération Ingénieuses et son label Cap Ingénieuses.

Enfin, cette conférence de presse a également été l'occasion d'annoncer la création par la CDEFI de son Conseil stratégique de la recherche dans les écoles d'ingénieurs françaises.​​

Actualités et publications

Pour rechercher une actualité, veuillez simplement renseigner un mot clé, choisir une thématique ou selectionner une date dans les champs suivants :