En novembre 2015, le ministre des affaires étrangères et du développement international, Laurent Fabius, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Najat Vallaud Belkacem et le secrétaire d'État en charge de l'enseignement supérieur et de la recherche, Thierry Mandon, ont chargé France Stratégie de mener un travail d’expertise sur la valorisation et le développement de l’offre française d’enseignement supérieur à l’étranger.
En septembre 2016, France Stratégie a publié le résultat de ses travaux sous la forme d’un rapport intitulé « l’enseignement supérieur français par-delà les frontières : urgence d’une stratégie ». Ce dernier met en avant les défis auxquels est confronté l’enseignement supérieur dans son internationalisation.
Ce rapport établit une analyse du déploiement de l’offre internationale et répertorie de nouvelles formes de mobilités avec la présence de plus de 600 programmes à l’étranger, 140 implantations physiques, près de 330 diplômes délocalisés à l’étranger, 138 programmes de formation à distance pour un total de près de 37 000 étudiants. Les implantations physiques comprennent les campus satellites (40), les établissements associés (38) et les établissements franchisés (62).
Ce rapport met en avant le fort investissement des écoles d’ingénieurs et des écoles de commerce pour développer une offre de formation d’excellence délocalisée au niveau du second cycle. Il souligne l’engagement actif des écoles d’ingénieurs via ces actions délocalisées qui accueillent ainsi 6 687 étudiants dans leurs formations à l’étranger. 18 % des étudiants inscrits dans une formation française à l’étranger suit un diplôme d’ingénieur.
Ces nouvelles formes de mobilités apparaissent comme une source de compétitivité évidente.
Les établissements français s’exportent bien, néanmoins ils restent à la marge des pays anglo-saxons (Royaume-Uni, Etats-Unis, Australie), acteurs majeurs de l’internationalisation de l’enseignement supérieur. En effet, il existe pour la France un ratio assez faible entre la mobilité entrante et l’offre à l’étranger contrairement au Royaume-Uni. Par exemple, seuls 5 665 étudiants inscrits à l’étranger dans une formation à distance sont recensés alors que cette dernière s’avère une modalité privilégiée d’offre de formation à l’étranger.
« L’internationalisation de l’enseignement supérieur s’impose comme une évidence ».
Le rapport, fait état d’une absence de stratégie affirmée des établissements français. Il est établit que les établissements sont enfermés dans une gestion complexe. On observe que ces actions délocalisées et dispersées sont généralement les résultats d’initiatives, et non d’une stratégie de réflexion. Les éléments de l’étude révèlent entre-autre le manque d’autonomie des établissements, un sous-investissement dans la technologie digitale, une faible culture de l’évaluation ainsi que des contraintes réglementaires de la diplomation.
On estime un marché potentiel de 400 millions d’étudiants à l’horizon 2030. Dans ce contexte, face aux enjeux internationaux et un paysage de l’enseignement supérieur à l’international en plein développement, le rapport recommande que l’Etat renforce le pilotage des stratégies internationales, assure la qualité et la diversification des moyens de financement de l’offre à l’étranger. L’Etat, facilitateur, doit pouvoir valoriser davantage son réseau mondial de diplomatie universitaire et scientifique.
Parallèlement, les établissements doivent favoriser un déploiement par et pour la recherche, amplifier la niche actuelle et son rayonnement dans la diplomatie scientifique et universitaire. Il est nécessaire que les établissements développent le quantitatif de l’offre dans une logique de captation des marchés.
Dans cette démarche d’internationalisation de l’enseignement supérieur, il est essentiel d’atteindre une dynamique de consolidation des synergies entre activités de recherche et l’industrie. Le rapport précise l’importance d’être toujours plus présent là où se concentrent les activités de recherche et d’innovation, s’insérer dans cette nouvelle géographie mondiale, là où il y a des centres d’excellence. L’offre de formation du second cycle s’avère dans ce contexte être un bon canal pour capter les étudiants pour poursuivre leurs études doctorales en France.
Egalement, le rapport suggère un recentrage sur le premier cycle et la diversification des modalités d’implantation ainsi que l’investissement massif dans le numérique et le développement de dispositifs alliant enseignement dématérialisé et présentiel.
Enfin, il est important que les établissements affirment leur stratégie et positionnent leurs offres comme le révèle ce rapport parmi les dispositifs recensés comme ci-dessous :
- Les accords traditionnels de mobilités académiques et de partenariats recherche ;
- Les flux d’offre de diplômes internationaux (doubles diplômes, diplômes conjoints, accords de cotutelle) ;
- Les formes délocalisées ;
- Les dispositifs de formation à distance.