L’enseignement supérieur sur le territoire : une analyse territoriale

19/02/2018
L’Observatoire des territoires a publié le 1er février dernier une fiche d’analyse « Education et enseignement supérieur, approches territoriales ». On y apprend que le niveau d’éducation de la population européenne globale a fortement augmenté au cours des dernières décennies (108 millions de personnes scolarisées), malgré une grande hétérogénéité selon les pays. L’enseignement supérieur, plus particulièrement, enregistre une forte progression de la proportion de diplômés chez les jeunes actifs de moins de 35 ans : de 33,8 % en 2010, ce taux atteint 39,1 % en 2016. L’objectif de 40 % défini en 2010 par l’Union européenne dans le cadre de sa stratégie Europe 2020 est donc en passe d’être respecté.
 
Focus sur la situation française

 
Sur le territoire français, 15,3 millions d’individus scolarisés sont recensés. Bien que les enjeux de formation demeurent présents, 43,7 % des 30-34 ans sont ainsi titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, alors qu’on en comptait à peine 27,4 % en 2000. Ces chiffres sont les résultats d’une part de 5,3 % du PIB consacrée à l’éducation et l’enseignement supérieur (8e rang sur 22 pays européen) et des dépenses engagées estimées en 2014 à 7 396 $ par an pour un élève en élémentaire (13e rang européen), 11 815 $ dans le secondaire (6e rang), et jusqu’à 16 422 $ en moyenne dans le supérieur (10e rang européen, valeurs mesurées en parité de pouvoir d'achat ou PPA).
 
Comme observée pour l’immense majorité des capitales européennes, exception faite de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des Pays-Bas, les capitales jouent un rôle de de pôle de formation pour les étudiants du supérieur. Au niveau national, la France possède une position intermédiaire : les 22 métropoles françaises recensent ainsi plus des deux tiers (69 %) des étudiants alors qu’elles représentent 29 % de la population totale du pays. Les pôles urbains du Grand Paris (535 600 étudiants), de Lyon (154 900 étudiants) et de Lille (115 000 étudiants) regroupent les effectifs étudiants les plus importants. Néanmoins, la proportion de diplômés du supérieur dans la population a bénéficié d’une forte augmentation dans les territoires où elle était la plus faible, avec une multiplication d’un facteur 5 dans les communes isolées, contre un facteur 3 dans les grands pôles entre 1982 et 2013.
Ce constat est en corrélation avec le fait que le catalogue de formations proposé aux étudiants n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire. Dans certaines académies, l’offre de formation est principalement universitaire, tandis que dans d’autres, les écoles de commerce et les écoles d’ingénieurs sont plus présentes.

                                                                                               
                                                                                               

Les étudiants inscrits à l’université sont ainsi plus représentés dans 12 des 31 académies. Cette forte présence de l’offre universitaire s’assortit fréquemment d’une « spécialisation » disciplinaire forte. C’est par exemple le cas l’académie d’Aix-Marseille, où 81 % des étudiants sont inscrits à l’université (contre 61 % sur l’ensemble du territoire), et dans laquelle on observe une prédominance du droit et des sciences économiques dans l’offre de formation universitaire. Les universités de Nice, La Réunion, Montpellier et Caen sont plutôt spécialisées en STAPS tandis que celles d’Orléans-Tours et de Clermont-Ferrand, sont orientées vers les filières scientifiques et techniques de type « STEM » (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques).

Quant aux étudiants inscrits en écoles d’ingénieurs, ils sont proportionnellement plus nombreux dans 10 académies : celles d’Amiens (14 % d’élèves-ingénieurs recensés parmi l’ensemble des étudiants de l’académie  contre une proportion nationale de 4 % sur l’ensemble du territoire), Besançon, Versailles, Reims, Toulouse, Lyon, Créteil, Rouen, Nantes et Rennes.

Cette forme de « spécialisation » de l’offre de formation impacte en toute logique le parcours et la mobilité des étudiants. Certaines académies parviennent à « retenir » une grande part de leurs bacheliers, capacité mesurée par la part de nouveaux bacheliers ayant poursuivi dans l’enseignement supérieur et qui sont restés dans l’académie où ils ont obtenu leur baccalauréat. Ce sont ces académies qui abritent les principaux pôles d’études supérieures. A Paris, Lyon, Toulouse ou encore de Bordeaux, c’est ainsi plus de 80 % de bacheliers qui sont restés dans leur académie en 2015 pour y poursuivre leurs études supérieures. Le caractère frontalier semble également renforcer cette capacité à retenir les néo-bacheliers, comme semble le prouver l’analyse de l’académie de Lille (94 % des néo-bacheliers y poursuivent leurs études), ou de Nancy-Metz (88 %).
 
                                                                                        

Parmi ces académies, Paris et Lyon se distinguent par leur capacité à également attirer des étudiants venus du reste de la France : 66 % des nouveaux inscrits dans un établissement parisien d’enseignement supérieur ont ainsi passé leur bac dans une autre académie, avec une part importante qui reste néanmoins originaire d’Île-de-France (académies de Créteil et Versailles – sans déménagement nécessaire) et cette proportion est de 37 % pour Lyon.
Cette attractivité est à mettre en relation avec les mobilités des étudiants : 38 % des bacheliers ayant quitté leur académie pour commencer des études supérieures se sont dirigés vers l’Île-de-France, 37 % vers une académie voisine de l’académie dans laquelle ils ont passé leur bac (hors Île-de-France).

                                                                                                                                
 
Pour consulter la fiche d’analyse dans son intégralité : fiche d'analyse #6  - Education et enseignement supérieur, approches territoriales.
 
Pour plus d’informations sur l’Observatoire des territoires, c’est ici.
 
 

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